Inflation en Zone Euro : Europe du Nord versus Europe du Sud - 1ère Partie
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Depuis le début de l’année, l’accélération des taux d’inflation en Zone Euro a été très inégale selon les pays. Dans le contexte d’une Union Monétaire qui prive les Etats de la possibilité d’ajuster leur taux de change afin de remédier aux déséquilibres de compétitivité, il est important de ne pas uniquement se focaliser sur l’inflation globale en Zone Euro mais également de constater les divergences d’inflation entre certains pays clés de l’Europe du Nord et de l’Europe du Sud. Le Graphique 1 représente une sélection représentative des taux d’inflation en glissement annuel (mois de juillet) avec des hausses de 2.2% (Zone Euro), 3.1% (Allemagne), 2.9% (Espagne), 1.6% (France) et 0.9% (Italie).
Comme nous pouvons le constater, l’inflation légèrement au-dessus de la cible d’inflation de 2% au niveau de la Zone Euro (2.2%) cache des situations très contrastées avec une Europe du Sud, qui globalement, affiche des taux d’inflation (hormis l’Espagne) relativement faibles tandis que l’Europe du Nord subit des pressions inflationnistes plus fortes (le détail des taux d’inflation dans tous les pays de la Zone est représenté dans le graphique 2).
En omettant les deux petits pays (sans leur faire offense) que sont la Lituanie et le Luxembourg, l’essor de l’inflation en Zone Euro est essentiellement due à l’Espagne (2.9%) et à l’Allemagne (3.1%) qui contribuent à eux deux à 39.71% du taux d’inflation global. A l’inverse, les principaux pays du l’Europe du Sud (hormis l’Espagne) affichent des taux d’inflation parmi les plus bas du classement (Italie : 0.9%, Grèce : 0.6%, Portugal : 1.1%).
Afin de prendre en compte l’impact de la « reflation » après la déflation de 2020, j’ai décidé de recalculer les taux d’inflation en prenant le mois de janvier 2020 comme période de référence. Les résultats de ce calcul sont représenté dans le graphique 3 et montrent que la hiérarchie dans les taux d’inflation entre l’Europe du Sud et l’Europe du Nord n’est pas vraiment altérée : l’Allemagne demeure l’un des pays avec le taux d’inflation le plus élevé. Le seul changement notable est celui de l’Espagne qui se retrouve désormais en dessous de la moyenne de la Zone Euro.
Le fait qu’une bonne partie du choc inflationniste se concentre dans le pays qui dipose d’un important excédent commercial tend à relativiser l’impact négatif de la crise d’inflation en terme de divergence économiques entre les pays de la zone euro. En effet, si ce mouvement continuait, on assisterait à une perte de compétitivité de l’Allemagne par rapport à l’Europe du Sud, ce qui permettrait de réduire les déséquilibre internes au sein de la zone euro.
A contrario, la concentration du choc inflationniste en Allemagne risque d’exercer une pression importante sur la BCE pour commencer à normaliser sa politique monétaire vu le poids dont la Bundesbank dispose au sein du Système Européen de Banques Centrales (tout en gardant à l’esprit que si le taux d’inflation de référence de la Banque centrale Européenne est de 3.1% pour l’Allemagne, le taux de l’Institut Statistique allemand est déjà à 3.8%).
La newsletter de la semaine prochaine traitera du même sujet mais en utilisant les indices d'inflation au producteur industriel (PPI) qui sont des indicateurs moins connus mais plus pertinents lorsqu'il s'agit de mesurer les divergences en termes de compétitivité.