La Niña 2, vers un nouveau choc des matières premières fin 2021 ?
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En septembre de 2020, les voyants climatiques sont passés au rouge et annonçaient de très fortes tensions sur les prix des matières premières agricoles. La raison ? un phènomène cyclique connu sous le nom de la Niña . La Niña est un phènomène climatique récurrent, la petite sœur du plus connu el Niño et consiste en une baisse anormale des températures de l’Océan Pacifique au niveau des tropiques, ce qui provoque de nombreux évenements climatiques atypiques. En effet, la Niña est associée à des sécheresses aux Etats-Unis et dans le Sud du Brésil/Nord de l’Argentine ainsi qu’à des précipitations anormales en Extrême-Orient et Océanie. De plus, la probabilité d’occurence d’épisodes climatiques extrêmes, qui peuvent être devastateurs pour les cultures, augmente sensiblement lors des années de la Niña.
Les perturbations climatiques engendrées par la Niña sont des facteurs de hausses importantes pour les matières première agricoles (Graphique 1 – l’indice ONI represente les cycles la Niña /el Niño. Lire : un ONI inversé élevé est signe de la Niña, un ONI inversé bas est signal d’el Niño) et - dans une moindre mesure – industrielles parmi lesquelles on pourrait citer:
Minerai de Fer – Les précipitations au-dessus de la normale au debut de l'année en Australie (qui représente 37% de la production mondiale ) peuvent perturber l’activité dans une période qui est déja traditionnellement mauvaise car les pluies et la saison des cyclones provoquent regulièrement des fermetures de mines et de ports.
Maïs – Les cultures devraient souffrir d’une chute de la productivité dûe à de possibles sécheresses aux Etats-Unis tandis que les récoltes du Brésil sont à la fois impactées par la sécheresse (septembre - décembre) et par les retards induits dans la plantation de la seconde récolte (janvier -avril) qui exposent les champs de maïs à des coup de froid durant l’hiver (Juin – Septembre).
Soja – Les cultures peuvent être impactée de la même manière que le maïs même si la récolte aux Etats-Unis, généralement terminée en septembre, devrait être relativement épargnée. Toutefois, cela ne serait pas le cas pour l’Argentine et le Brésil qui representent 44% de la production mondiale.
Café - Les effets sur la production mondiale peuvent être importants à cause de la sécheresse au Brésil (1er producteur mondial) et des fortes pluies pouvant endommager les fêves chez les producteurs asiatiques notamment le Vietnam (2ème producteur mondial) et l’Indonésie (3ème producteur mondial).
Sucre - Les possibles sécheresses au Brésil qui produit 50% de la canne à sucre au niveau mondial peuvent provoquer une chute importante de l’offre globale de sucre même si, au début de la Niña, les fortes températures tendent à augmenter la concentration en sucre de la canne et donc la productivité des plantations. Cet impact positif s’inverserait à moyen-terme alors que la sécheresse porte préjudice au developpement de la récolte de l’année suivante .
Pétrole - La Niña favorise la formation d’ouragan dans le golfe du Mexique, ce qui tend provoquer des pressions ponctuelles sur les prix à cause des fermetures des plateformes et rafineries de la région.
Le 8 juillet dernier, la NOAA est passée en alerte « la Niña Watch » et estime désormais à 66% la probabilité du retour du phènomène la fin de 2021 (Graphique 2). Si cette prévision se réalisait, on pourrait craindre une nouvelle pression sur les prix des matières premières agricoles et industrielles alors que les stocks sont déjà deprimés du fait de la pandémie et de la Niña fin 2020/début 2021.
Graphique 2: Prévisions/Probabilité d’apparition de la Niña (NOAA)
On voit ainsi la relative fragilité des prévisions « optimistes » qui considèrent que l’inflation va retomber très vite au niveau de l’objectif des banques centrales. En réalité, il est probable que nous vivions un nouveau choc des matières premières tout au long de 2022 et dont les effets se feront sentir au moins au long du semestre .